Farnèse Louis Charles - Documents

 

 

 

Plusieurs textes du P. Louis-Charles sont publiés avec des photos inédites
dans l'ouvrage disponible en ligne:

Grandir en Sainteté à l'école du Serviteur de Dieu Père Farnèse LOUIS-CHARLES : le livre 

 

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MOT DE REMERCIEMENT ET MOT DE L’AVENT (1973)

 

Nazareth des Petits Frères de Ste Thérèse
Rivière Froide, le 5 décembre 1973

Mes bien chers enfants en Jésus-Christ,

Les jours heureux de mes anniversaires viennent de s'écouler. J'y ai encore bénéficié de toute sorte de marques d'attention de votre part. Je m'en humilie et en tremble. Que pense de moi, Lui, le Bon Dieu? Voilà assurément l'ombre considérable a tout le tableau… (le beau tableau, tel que votre charité a voulu l'exprimer du moins.)

Pour vos suffrages: messes, prières, communions, sacrifices, etc., je vous prie de demander instamment au Bon Dieu la faveur spéciale de me faire correspondre à Ses grâces et de savoir en profiter pour Lui plaire sans réserve et être utile après ma mort.  - Vos dons délicats ont eu aussi ma particulière appréciation et m'ont profondément touché.

En tout cas, je vous en remercie du plus profond de mon âme: que le Bon Dieu vous le remette au centuple, pour le temps et pour l'éternité! - Et puis excusez-moi : je ne puis vraiment pas adresser un petit mot particulier de remerciement à chaque personne: pensez que c’est la Cause Commune, l'Église (dans et de mon petit coin), qui s'accapare de moi et contentez-vous du présent remerciement collectif.

Maintenant, voici mon mot d'Avent, -l'Avent de l'Année Sainte, la première Année Sainte depuis le dernier Concile Général qui nous demande à cor et à cri d'être des saints en réponse à notre vocation de chrétiens, branches de Jésus-Christ, et même de simples créatures du Dieu trois fois Saint…

Eh ! bien, parce que je tiens à être bon papa, je vous donne ce que vous ne recevez pas assez par ces temps d'erreurs généralisées…: Jésus-Christ parle de l'enfer, Jésus-Christ fait trembler, et l'on dit: "Eh ! pas de ça!" Alors, l'on contredit Jésus-Christ, l'on est plus intelligent que Lui! On est donc des antéchrists, une calamité, et voilà tout!

Notre religion est une religion d'amour. C'est l'amour qui doit faire marcher la machine du service de Dieu. Mais, pour toute machine qui se déplace-, surtout si elle va vite, il faut sur la route, par ci, là, quand c'est nécessaire, l'écriteau : DANGER, en lettres majuscules, énormes. Faute de cela, le pire peut arriver.

Ceci dit, mes chers enfants, voici ce que je vous copie dans un livre destiné aux jeunes, par un écrivain appartenant à un groupe d'hommes valeureux que nous ne connaissons pas assez malheureusement -le groupe Austro-Hongrois-Allemand :

"Toi…, mon fils, tu feras bien de penser souvent à la vie éternelle et à la damnation.

"Être damné à jamais? Se perdre pour toujours?

"Ce mot: ETERNELLEMENT nous vient si facilement aux lèvres que nous ne concevons plus sa signification entière. Il te sera utile d’y réfléchir sérieusement cette fois-ci.  Mets-toi en pensée à côté d’un damné et demande-lui : Frère, que dirais-tu si Dieu promettait de te délivrer quand même un jour? par exemple, si tu verses une larme chaque mille ans et quand ces larmes formeront un flot assez puissant pour inonder toute la terre?

Sais-tu ce que cette âme damnée te répondrait? Elle tremblerait de joie à la vue de cette possibilité. Pourtant quel temps immense lui faudrait-il attendre  jusqu'à ce que les larmes versées une à une chaque mille ans recouvrissent la terre? Des millions d'années passeraient avant qu'elles pussent faire un petit ruisseau seulement! Des milliards d'an­nées avant qu'elles formassent un fleuve! Et des billions de siècles avant qu'elles fussent devenues un océan de larmes,  et ce ne serait pas encore l'éternité. Pas même le commencement de l'éternité…" ( S.Exc. Mgr Tihamer Toth, La Religion et la Jeunesse, 1947, pp. 140 et 141).

Prière de traduire (sans recourir au mot à mot), d'expliquer et de méditer ce passage pendant le temps d'Avent.

Bonne besogne ! Renouvellement intérieur, réconciliation universelle (avec Dieu,  soi-même,  le prochain,  la création entière), comme le veut le St. Père, -le grand Pape Paul VI, qui n'a jamais été aussi éloquent que ces jours-ci, dans ses appels réitérés en faveur de l'Année Sainte.

Mais ne voilà-t-il pas qu'en cet Avent et cette Année Sainte, nous avons aussi à fêter, le 14 décembre, Les Noces d'Argent de notre Famille religieuse, coïncidant par-dessus le marché avec les Années Centenaires des naissances de Ste Thérèse, notre Patronne, et de St Louis-Marie de Montfort, notre Guide Spirituel.

Ah ! Ah ! Cette Famille religieuse a été justement fondée pour donner à l'Église une pépinière de saintes authentiques, en attendant… des saints authentiques également.

Nous soutenions fermement, en effet, qu'une congrégation religieuse qui ne donnerait pas de saints à l'Église ne devrait pas exister devant la face du Seigneur. Certes, l'Église a été établie pour faire des saints : "Soyez saints, car Je suis Saint." (Lévitique, 19,2). "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait."  (Matthieu, 5,48), Elle a tout ce qu'il faut et même plus que ce qu'il faut pour faire des saints: Un Chef infiniment saint, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, une doctrine très sainte, une morale très sainte, des sacrements très saints. Elle a les trois Personnes Divines chez Elle et leur amour infini. Parmi les sacrements on a l'Eucharistie nous donnant le Bon Dieu dans la Communion, la Pénitence qui nous purifie de nos fautes possibles.

Or dans cette Église Sainte, les membres de la Congrégation religieuse font profession de tendre à la perfection sous le régime de Saintes Constitutions approuvées par l'Église.

La Congrégation est la fleur de l'Église par excellence… grâce à l’observance des trois vœux de religion, et en particulier par la pratique de la vertu angélique, grâce à l'ardente et vertueuse jeunesse chrétienne qu'elle a coutume de réunir en son sein… avant tout… Il s'ensuit qu’elle est spécialement la lumière du monde et le sel de la terre. Alors, si la Congrégation religieuse ne doit pas donner de saints, où faudra-t-il encore aller chercher ces saints que l'Église est destinée à former?

Petites Sœurs et Petits Frères de Ste Thérèse, le Bon Dieu avait certainement réservé cette accumulation de Concile, de Centenaires, d'Année Sainte, d’Avent, de Noces d'Argent, de grand Pape Paul VI réclamant avec, force ce que le Concile demande, pour vous acculer enfin à la courageuse décision qui s'impose : REVENIR À LA FERVEUR DE VOTRE ORIGINE.

Réfléchissez un peu: vos Constitutions veulent que vous imitiez la Petite (grand Sainte) Thérèse, que vous soyez vraiment sa petite sœur, son petit frère. Elles vous défendent, – il faut dire le mot,- d'agir par nature ! puisque, sous ce rapport, la petite Thérèse, elle, se mortifiait constamment et héroïquement. Elle était ange de paix par ailleurs…[1]

-Votre devise est: "Être sérieux"; et "Ora et Labora".

-Votre Sainte Règle entend que vous observiez avec soin et sans réserve le grand commandement: "les Père et Mère honore et vivras, longuement."

-Elle entend de plus que vous ne vous contentiez pas d'être simples consommateurs, mais que vous soyez aussi producteurs de nourriture.

-Il faut aussi en conscience dénoncer à l'autorité le mal désastreux, contagieux.

Courage donc,  chers, filles et chers fils en Jésus-Christ! Si vous ne profitez pas de la grâce qui passe en si grande abondance ces jours-ci, qu'en sera-t-il de vous éternellement? Pourrez-vous encore espérer pareille grâce?

En face du monde entier, habituez-vous à avoir devant les yeux la formule que vous connaissez par cœur: "Avoir du caractère, c’est être doué d'une volonté énergique,  posséder des convictions fermes, raisonnables, les suivre fidèlement sans se laisser démonter par les considérations étrangères; c'est rester soi-même dans toute sa conduite, empreindre celle-ci d'un cachet personnel, éviter de se mettre à la remorque de l'opinion d’autrui et de se laisser balloter en tous sens par les fluctuations du qu'en dira-t-on?"

Votre père en Jésus-Christ,

F. Louis-Charles

 

[1] Au commencement, même les ouvriers du dehors (maçons, ébénistes) n’avaient le droit de parler fort chez nous pendant nos moments de silence.